C'est un satisfecit que peut s'approprier la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, puisqu'elle a survécu au gouvernement Barnier pour s'inscrire dans celui de Bayrou : le programme E-Trans d'aides de l'Etat, d'un montant de 130 M€, a permis « d'accompagner 674 projets de transition énergétique dans le transport routier, représentant 2 162 poids lourds électriques ainsi que 369 autocars et autobus. Cet accompagnement est significatif pour le marché car il représente une multiplication par 2 du nombre de nouvelles immatriculations de camions par rapport à l’année 2024, et une hausse de 50 % pour les autocars et autobus. Le bénéfice environnemental attendu s’élève à environ 120 000 tCO2eq évitées chaque année ».
137 PME accompagnées grâce au guichet dédié. Le dispositif PME a permis de soutenir, en 2024, 137 projets d’acquisition ou de location de poids lourds électriques, avec un budget alloué de 20 millions d'euros en montant d’aides. Les entreprises bénéficiaires, petites et moyennes, ont pu acquérir ou louer des véhicules électriques de catégories N2 et N3, ce qui contribuera à terme d'éviter l'émission de 17 700 t de CO2eq par an. Ces initiatives concernent principalement les secteurs du fret, de la distribution et de l'industrie agroalimentaire.
Ce dispositif PME permet de financer l'acquisition ou la location de 251 véhicules lourds électriques, dont 163 tracteurs routiers (catégorie N3) et 88 porteurs (catégorie N2 & N3), avec une aide moyenne de 65 000 € par véhicule.
537 dossiers retenus dans le cadre de l'Appel à projets. Cet appel à projets a permis de soutenir 537 projets d’acquisition, de location ou de rétrofit de véhicules lourds électriques, avec un budget alloué de 110,2 millions d'euros en montant d’aides. Les entreprises et Autorités Organisatrices des Mobilités (AOM) bénéficiaires, ont pu acquérir ou louer des véhicules électriques des catégories N2, N3, M2 et M3, contribuant ainsi à l'évitement de 102 200 t de CO2eq par an.
Cet appel à projets a permis de financer l'acquisition ou la location de 2 280 véhicules lourds électriques, dont 988 tracteurs routiers (catégorie N3) et 923 poids lourds porteurs (catégorie N2 & N3) avec une aide moyenne de 61 600 € par véhicule.
Ainsi que 141 autobus (catégorie M2 et M3) et 228 autocars (catégorie M3) avec une aide moyenne de 57 100 € par véhicule.
Maintenant, l'Etat doit se dépêcher de sortir le portefeuille ! Tels sont les comptes publiés par le ministère le 27 janvier. Le problème, c'est que cela ne s'est pas encore traduit dans les chiffres d'immatriculations de camions électriques publiés par les professionnels : selon la chambre des importateurs de véhicules industriels (la CSIAM), 653 camions de plus de 7,5 t fonctionnant à l'électricité ont été immatriculés en France en 2024 :
- 489 porteurs,
- 164 tracteurs.
Pourquoi un tel écart entre les chiffres théoriques et la réalité ? « Le retard dans les parts de marché du camion électrique en France est lié aux aides du programme E-Trans, explique Marie Defrance, déléguée à la branche VI de la CSIAM. Déjà, les 862 poids lourds éligibles à l'appel à projets Ademe de 2023 n'ont pas tous été achetés, car les subventions ne sont pas encore distribuées ».
Que dire des aides de 2024 ? Les filiales françaises d'importation des marques européennes prévoient que ces subventions se déploieront jusqu'à fin 2025, voire 2026. Malgré ce retard, elles se réjouissent des programmes de soutien successifs : « le marché de l'électrique est en phase de démarrage, nous avons besoin d'aides publiques, souligne Jean-Yves Kerbrat, DG de MAN Truck & Bus France. On pense qu'une fois que le marché arrivera à maturité, ce sera moins le cas ».
Les professionnels insistent sur les spécificités du profil des transporteurs tricolores : « le marché du transport routier est composé à 75 % de PME », souligne Athina Argyriou, présidente de la CSIAM. Les petites entreprises ont d'autant plus besoin d'un soutien financier pour passer à l'électrique qu'un camion ainsi propulsé est encore environ 3,5 fois plus cher qu'un véhicule identique fonctionnant au gasoil.
Et maintenant, les CEE. En 2025, l'aide publique est organisée différemment, avec le déploiement des CEE, et cela devrait permettre aux transporteurs de voir plus vite la couleur de l'argent des « obligés », les fiches étant déjà disponibles (cliquez sur ce lien pour en savoir plus). « La CSIAM est très confiante sur les bonus CEE, conclut Athina Argyriou. Il s'agit d'aides financées par le secteur privé et non pas sur le budget de la France ».